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LE BOUDDHA GOUDA

La représentation en Gouda d’un Bouddha contemporain ne comporte ni blasphème, ni jugement sur la pratique spirituelle. Cette réalité est nécessaire pour saisir quelques connexions entre l’onde et la particule. C’est une expérience vivante née d’une révélation. C’est une simple question sur l’Eveil. Quels échanges, entre le corps physique et les propriétés de l’univers seraient-ils à la source du jaillissement de la Conscience ? La vie du Bouddha Gouda nous le dira.

"Le Bouddha Gouda"

Fromage Gouda moulé, parafine alimentaire.

H 32 cm x L 26 cm x P 28 cm.

2021

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"Le Bouddha Gouda"

Modèle en terre avant cuisson et moulage.

2021

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"Le Bouddha Gouda"

Sculpture en fromage moulé dans la saumure.

2021

LE BOUDDHA GOUDA

 

 

Ces deux noms à la sonorité proche et aux significations éloignées forment une osmose poétique. Ce couple produit une image mentale à la synthèse visuelle évidente : un Bouddha en fromage de Gouda qui suite son orange vif. 

 

Au-delà du jeu de mots et de l’apparence, l’intuition pressent le symbole d’une réalité. Un emblème spirituel oriental et un emblème alimentaire occidental sont confondus. Cette vision composite reflète l’extravagance de la perception contemporaine où la quête spirituelle est perçue en quête de bien-être. Le Bouddha Gouda évoque le marché de la sagesse. On se sert du Bouddha comme on se sert du Gouda. 

 

L’œuvre ainsi constituée en sculpture donne à voir soit un être sacré perçu comme un produit de consommation soit un produit de consommation perçu comme un être sacré. Peut-on le manger ou non ? Est-ce une profanation du Bouddha ou une sacralisation du Gouda ? Suis-je, spectateur gnostique ou agnostique ? Sommes-nous en train de confondre l’immanent et le transcendant ? Doit-on sourire ou se méfier ?

 

L’œuvre est une énigme, Bouddha Gouda, une proposition qui doit être dépassée. On peut y voir l’opposition, la contradiction mais une cloche de verre, en aura égale, souligne l’intégrité du rapport, l’unité de la vision. Car dans un cas comme dans l’autre, ce sont deux corps qui sont compris pour la valeur de leur émanation : la conscience universelle pour le Bouddha, le goût pour le Gouda.

 

Par ailleurs, cette sculpture olfactive symbolise avec humour le souffle vital lié à l’Eveil. Sa matière, le Gouda, est un produit impermanent. Il est constitué de bulles d’air, signes de vacuité. Il respire et s’affine pour devenir. Il est physique mais existe grâce aux subtilités de ses parfums. Son corps sera reproduit. Les métaphores liées au Bouddhisme ne manquent pas…

 

Par conséquent, l’œuvre plaide autant la confusion que l’unité et ce message contradictoire pose la question de l’être et de la conscience. L’homme et le fromage sont deux formes biologiques appréciées pour leur valeur éthérique. Si le Bouddha existe grâce à la qualité des échanges qu’il pratique avec le Tout, le fromage aussi. Ceci illustre que la conscience s’opère autant à l’intérieur, qu’à l’extérieur du corps, et les échanges chimiques, la respiration, l’absorption en sont la cause. La consommation et la spiritualité ne sont pas si étrangère. 

 

Le Bouddha Gouda invite en interactions, nous replace entre la matière et l’éther. Il démontre l’intrication totale entre le plein et le vide, le réel et l’idéal, le savoir et l’ignorance. 

 

Ici le Bouddha est un nouveau-né, c’est le choix d’un être neutre et innocent auquel nous pouvons tous nous identifier. A notre naissance, à nos renaissances, c’est un monde entier que l’on inspire et un monde entier que l’on expire. Souffle, nous sommes au rythme des océans et emportés comme une particule dans la totalité. Les respirations sont ces aller-retours perpétuels entre la vie et la disparition. Elles lavent la conscience de toutes les poussières arrivées à l’esprit. Elles sont l’Eveil. 

 

Tandis que le Bouddha jeûne le Gouda vieilli.

Notre sculpture est au milieu.

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